Comment l’ostéopathie fonctionne-t-elle sur les bébés qui pleurent ?

Torticolis, stress, pleurs, où se situer entre certains médecins qui décrètent l’inefficacité voir la dangerosité de certaines pratiques ostéopathiques sur les nourrissons [cf. : France info le 09/03/19 ] et un discours ostéopathique parfois flou qui avance des résultats étonnants sur les pleurs de bébé sans en montrer le mécanisme d’action.

La meilleure chose à faire pour mieux se comprendre est souvent de poser des questions. Alors si vous nous demandiez : « Mais alors comment cela fonctionne-t-il ? ».

Et bien même si une partie de l’aura de l’ostéopathie est certainement due à son mysticisme et à des résultats souvent convaincants dont les procédés restent pourtant un mystère pour les patients, je pense qu’un jour ou l’autre nous subirons la même perte de confiance que subit la médecine traditionnelle actuellement, si comme elle, nous ne faisons pas l’effort de rendre transparent nos processus d’action. Il est donc nécessaire de faire ce travail de vulgarisation quitte à brûler notre costume de magicien, si cela peut du même coup nous débarrasser de celui de charlatan, je signe.

Voici donc quelques explications de notre méthode et rassurez-vous, pas besoin d’allégories abstraites pour expliquer les leviers propres à l’ostéopathie qui permettent de diminuer les souffrances de bébé, restons dans le tangible. Allons-y.

Comme vous le savez, les pleurs de bébé sont symptomatiques d’un inconfort, mais pas seulement. Comme précisé par la Polyclinique Bordeaux Rive Droite [1], les pleurs sont principalement générés par les facteurs suivants :

  • Faim
  • Sommeil
  • Douleur
  • Stress / Besoin d’accompagnement

Concernant la faim, notre rôle consistera principalement à aider les parents à déceler les signes qui indiquent cet état. Concernant la qualité du sommeil, on peut considérer qu’elle est liée à nos trois autres leviers.

Intéressons-nous donc à ce qui nous reste, les douleurs, le stress et le besoin d’accompagnement.

Tout d’abord la consultation chez un praticien a généralement pour conséquence de rassurer les parents et ceci est loin d’être anecdotique (voir article sur le burnout). Souvent, l’état anxieux de ces derniers face aux pleurs provoque des signes d’impatience et un comportement parfois inadapté à la situation ce qui ne fait qu’aggraver le stress de bébé. Cela forme rapidement un cercle vicieux dont on n’entrevoit pas la sortie. Il s’agit d’expliquer aux parents en quoi ces pleurs sont normaux et de leur rappeler l’importance du contact, de la proximité mère-bébé, de la patience.

Un petit aparté à ce sujet pour rappeler qu’il est propre à l’occident qu’un bébé soit si distant de sa mère. Une étude de 1994 nous montre qu’en Corée par exemple, il ne passe que 8% du temps seul [5][1], ce chiffre était de 67% la même année en Amérique du Nord et il est démontré que les bébés coréens pleuraient moins. Dit d’une autre façon, le temps de contact avec bébé est inversement proportionnel à son temps passé à pleurer.  

Revenons à nos moutons, ensuite, la démonstration des positions favorisant la sensation d’accompagnement du bébé afin de le calmer est aussi un point important de la consultation, 30-45min de séance ne sont souvent pas de trop.

Enfin, en ce qui concerne l’approche somatique des pleurs du bébé, c’est-à-dire nos méthodes thérapeutiques afin de lutter contre la douleur physique de l’enfant, il n’est pas concevable de réaliser une liste exhaustive de nos interventions. Cependant, le grand principe de l’ostéopathie qu’est la conservation de la mobilité et qui englobe ces interventions est si simple à entendre qu’il devrait se suffire à lui-même. Cela dit tout le monde n’étant pas spécialiste de la physiologie ou de l’anatomie, il n’est pas toujours compris comment ou pourquoi la récupération d’une mobilité acceptable a une influence sur la sensation douloureuse. Alors voici quelques illustrations claires comme de l’eau de roche qui aident à comprendre en quoi le respect de ce principe est un traitement efficace.

  • Les torticolis : des rotateurs de la tête sont particulièrement tendus d’un côté, cela peut venir d’une multitude de causes. Par exemple lors d’un long accouchement si la tête de bébé se trouve bloquée dans une importante amplitude rotatoire pendant le travail, des spasmes musculaires apparaissent. À sa naissance l’enfant tourne bien la tête d’un côté, moins bien de l’autre. Avec du massage et de la mobilisation induite du côté restreint, l’ostéopathe provoque un relâchement des muscles. Ceci est une façon de procéder parmi une infinité, mais le principe reste toujours le même, rendre la mobilité.

Résultat : les muscles (antagonistes au mouvement) étant relâchés, la rotation devient moins douloureuse, le bébé récupère de la mobilité, de la liberté de mouvement et la douleur provoquée par la rotation difficile disparaît.

Cela semble certainement simpliste et c’est normal. En effet un autre principe de l’ostéopathie est la capacité du corps à se guérir de lui même. Notre intervention doit donc être suffisante sans pour autant prendre le dessus sur ce que le corps est déjà capable de faire de lui même.

  • Les plagiocéphalies : là aussi les résultats sont parfois impressionnants et pourtant la solution que nous apportons reste toujours la conservation de la mobilité. 

Nous savons que les tensions qu’exercent les muscles du crâne sur l’os au niveau de leurs insertions ont un rôle important dans l’évolution de la forme du crâne [2], qui est particulièrement modulable les 4 premiers mois. Or comme pour le torticolis congénital, nous sommes en mesure de rétablir la bonne mobilité de la tête de l’enfant lorsque cela est nécessaire. Cela lui permet d’avoir une utilisation totale de tous les degrés de mobilité que permettent les cervicales, et ceci sans douleur. Ainsi tous les muscles du cou et du crâne sont utilisés de façon harmonieuse puisque l’enfant peut de nouveau tourner la tête avec une amplitude suffisante, il en va de même pour les flexions et extensions. Les tractions des muscles sur l’os lors de ces mouvements retrouvés agissent alors quotidiennement sur la forme du crâne. Ce n’est pas nous qui faisons le travail, c’est l’enfant lui-même, c’est le corps. Cela s’accompagne bien entendu de conseils délivrés aux parents afin de maximiser l’utilisation quotidienne des fléchisseurs, extenseurs, rotateurs de la nuque chez l’enfant.

Rappelons que d’autres professionnels de santé utilisent ce cheminement thérapeutique. Même si la conservation de la mobilité est un principe particulièrement présent en ostéopathie, il n’en est pas son apanage. Vous remarquerez que je n’ai pas abordé le sujet des coliques chez l’enfant ici. Ceci n’est pas un oubli. En effet la majorité des coliques disparaissent naturellement [3] et l’intervention de l’ostéopathe ne fait, une fois de plus, que respecter le principe de mobilité. Pour tout un tas de raison, les coliques peuvent provoquer des tensions au niveau des organes du système digestifs, nous tenterons de rendre la mobilité à ces organes et ainsi diminuer les douleurs dues aux coliques. Cela peut déjà être d’une grande aide pour les parents, mais il n’est en aucun cas prouvé pour le moment que l’ostéopathie puisse agir dans le sens de la disparition des coliques en elles-mêmes [4].

[1] https://polycliniquebordeauxrivedroite.fr/index.php/2019/01/22/les-pleurs-des-bebes-un-grand-malentendu/

[2] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3202395/

[3] Pleurs « excessifs » ou coliques du nourrisson. J. Valleteau de Moulliac [compte étudiant nécessaire) https://www-sciencedirect-com.ezproxy.uca.fr/science/article/pii/S0987798318301087?via%3Dihub

[4] Quels traitements pour les coliques du nourrisson ?Which treatments for infantile colics? https://www-sciencedirect-com.ezproxy.uca.fr/science/article/pii/S0755498212000693?via%3Dihub

[5] Lee, K. (1994). The crying pattern of Korean infants and related factors. Dev Med Child Neurol, 36, 601-7.

France info : https://www.francetvinfo.fr/sante/politique-de-sante/dangereuse-efficace-sans-effet-l-osteopathie-sur-les-nourrissons-une-pratique-qui-divise_3208407.html

Stress : https://books.google.pt/books?id=ByqsDwAAQBAJ&pg=PT25&lpg=PT25&dq=William+Frey+lacrymal+adrenaline&source=bl&ots=duhmMBLRUE&sig=ACfU3U0yetEVWbnAeu8X2ja6djLSZEt-IA&hl=pt-PT&sa=X&ved=2ahUKEwikmY_to8PqAhUN-hQKHRx_BA4Q6AEwAHoECAoQAQ#v=onepage&q=William%20Frey%20lacrymal%20adrenaline&f=false

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