POD Canada! L’emménagement. Soit fort camarade, tes amis ne seront pas là pour t’aider à déplacer la gazinière, soulever le lave-linge et faire surfer les armoires sur la neige écrasée dans le froid québécois. Le destin vous offre parfois des coups de pouce, et celui là a poussé Simon sur notre chemin. 24ans, un parmi tant d’autres, ceux qui sont des clichés américains du gars paumé qui gagne juste assez pour payer son loyer, un pack de bière et entretenir tant bien que mal cette sorte de sculpture de fer qui lui sert à se déplacer, il file un petit billet de cent de temps en temps à maman pour l’aider à manger et acheter ses clopes. Le mec qu’on dirait sorti de Détroit, une sorte d’arrière pion de la société de consommation, qui n’a de valeur ajouté que le seul salaire qu’il tire péniblement en couvrant les toits de Montréal dans le froid 8h/jour. Wé et bien il s’avère que Simon sort de son appart, avec ses 2 capuches en regardant entre ses pompes et son jean troué, « ouai, vous emménagez la? » « Et bien moi je me barre pour être mineur dans le nord dans 5 jours là » « j’ai plein de trucs à donner ou vendre si ça vous dit là ». L’appart de Simon ressemble à un sous lieu de réunion des tortues ninjas, qui n’aurait jamais pris connaissance de l’existante des balais ou brosses, sorte de bout de plastique poilu qu’on voit de temps en temps chez les amis… Prix négocié, ça sera 180$ pour un four/gazinière, un lave-linge, un micro-onde, un grand canap, et quelques armoires. Le gout de la bière offerte par Simon encore en bouche, nous voilà parti pour 2h de déménagement, qui ferait peur a des haltérophiles chevronnés. Le froid de mes doigts n’a pour égale désagrément que celui d’un dos en sueur qui reçoit de temps à autre les relents glacés de la nuit sèche québécoise. La glace glisse, le nuit nous guide mal. J’ai les mains qui brûlent, Marina cherche ses biceps sur la route, je suis chez moi, nous sommes chez nous. Merci Simon.