Pic Of the Day Nigeria n°33 : « Être blanc au Nigéria »

« White white white » « Oyibo oyibi oyibo » C’est ce que nous entendons lorsque nous traversons les allées des marchés peu fréquentés par les occidentaux. « Oyibo » est dans le langage courant nigérian le mot qui réfère aux « caucasiens », aux « blancs ». Réflexion sur un sujet passionnant, laissez-moi vous parler du marché, de la police et de la rue.

 

Comme je l’ai déjà vécu au Maroc, l’arrivée d’un blanc dans les petites rues commerçantes fait briller les yeux des vendeurs, ce qui provoque des comportements parfois à la limite du harcèlement. Cette situation est d’autant plus stressante lorsque les ruelles sont étroites, qu’on vous interpelle beaucoup, que les rabatteurs sont deux ou trois à vous suivre, qu’ils vous touchent pour vous amener à un magasin précis (pour avoir une commission) et qu’ils se disputent entre eux. Pour une personne non préparée, cela peut être traumatisant.

 

Une fois cette étape passée, il suffit de prendre confiance, user d’humour, montrer qu’on est sûr de soi et ne pas hésiter à hausser le ton, voire faire appel à la sécurité pour rappeler à l’ordre les rabatteurs un peu trop tactiles. De plus une fois que quelques vendeurs vous connaissent, cela se passe généralement mieux et c’est toujours rassurant de croiser des regards que l’on connaît. Certains occidentaux, la majorité même, ne mettent jamais les pieds dans ce genre d’endroit trop fréquenté à leur goût. Ils préfèrent envoyer leur chauffeur, ou autre homme de main aller faire les emplettes.

En dehors du marché, le second gros point négatif à être blanc, est clairement la police qui a, elle aussi, les yeux qui brillent 🙂 Bon nous n’avons pas (encore) de plaques diplomatiques, et nous n’avons pas de chauffeurs, nous sommes donc une cible de choix. Arrêté pour à peu prêt tout et n’importe quoi, j’ai appris à être sec et franc avec les policiers pour leur faire comprendre que je ne leur donnerai rien. Mais il nous est arrivé de devoir céder, et ça peu vite coûter cher.

 

Enfin, à la plage, dans les jardins publics ou dans les villages, il est fréquent qu’on nous arrête pour une séance photo (dixit la Pic du jour au-dessus). Je fais partie des rares qui se laissent encore prendre au jeu mais beaucoup s’y refusent. Plusieurs raisons :
-On ne veut pas participer à la « glorification » du blanc
-Nous ne savons pas où vont finir ces photos
-Pas le temps (il est vrai que cela peut parfois s’éterniser lorsque les amis des amis veulent aussi leur photo)

 

Ce n’est donc pas évident de rester complètement ouvert à la vie underground au Nigéria. Les clichés sont présents ici aussi et l’habit fait le moine, je suis blanc, j’ai donc beaucoup d’argent.

 

Les explications de ce phénomène sont peut-être à chercher du côté de l’image que nous véhiculons à travers le monde, à travers notre mode de vie, notre musique et nos films. Il suffit de regarder les 10 clips vidéo les plus populaires chez nous pour voir à quel point la glorification se fait sur la démonstration des possessions matérielles. Heureusement les contre-courants mettant en avant la richesse intellectuelle sont de plus en plus présents, même s’ils ne le sont que dans les médias secondaires, médias qui grappillent jour après jour des parts de marché sur la télévision.

 

Un peu d’espoir alors?

0 thoughts on “Pic Of the Day Nigeria n°33 : « Être blanc au Nigéria »

  1. Article qui aurait pu être plus approfondi car sujet intéressant. (orthographe à revoir) Pas franchement d’accord sur les origines de la glorification. Les nigerians sont fiers de qui ils sont et de leur histoire. Si « le blanc » véhicule l’image de l’argent cela a plus des conséquences historiques (esclavage et colonisation) qu’un rapport aux clips vus à la télé. Cela s’explique aussi par le portefeuille des expatriés qui est plus important que le leur et leurs conditions de vie bien différentes des leurs. Rajoutons à cela les comportements de certains qui ne négocient pas et payent plus cher les produits locaux (car certains ne sont pas à 10euros près alors que des nigerians oui). Enfin, je pense que les clips des chanteurs nigerians étalent tout autant de matérialisme que ceux des occidentaux. La solution c’est plutôt de changer son image sur place en arrêtant de s’afficher avec des supers 4×4, négociant un minimum ses produits, de sortir des coins à expatriés et de se sociabiliser avec des nigerians pour qu’ils apprennent autant de vous que vous d’eux.

    1. Merci Mila pour votre réponse que je trouve particulièrement intéressante. Je vous suis complètement sur la différence de « portefeuille » et sur le comportement de certains qui ne jouent pas le jeu concernant les négociations, en effet ce sont les causes directes de « l’appât du gain » que nous provoquons, si ça marche une fois, pourquoi ne pas réessayer? Les médias eux, (et certaines églises qui glorifient elles aussi la réussite matérielle, sujet qui nécessiterait un article à lui tout seul) ont un impact plus général sur le rapport à l’argent, et nous n’en pâtissons qu’indirectement en effet. Complètement d’accord avec vous concernant les clips nigérians qui sont pour le coup souvent bien plus « bligbling » que les nôtres, mais peut-on vraiment les considérer comme natifs de la culture nigériane ou sont-ils seulement un signe de plus que la culture occidentale s’est largement imposé dans la culture nigériane?

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